Bruxelles-Paris, bientôt 177 ans mais le futur ?
Il y a plus d’un an, Sophie Dutordoir, Georges Gilkinet, et Benoît Gilson accueillaient en gare de Bruxelles-Midi un Thalys évènementiel pour fêter les 175 ans de la liaison Bruxelles – Paris, une ligne ferroviaire importante. Mais depuis un an, des choses ont changé tant entre ces deux villes que les relations ferroviaires entre les deux pays. Faisons le point, avec aussi quelles alternatives face aux prix de Thalys ?
Thalys a fêté le 14 juin 2021 en grandes pompes le 175e anniversaire de la liaison ferroviaire vitale entre Paris et Bruxelles, ouverte le 14 juin 1846, qui se faisait en deux jours mais qui au fil du temps a évolué vers le temps actuel de 1h22. L’évènement avait eu lieu avec la présence de CEO de la SNCB et Présidente du Conseil d’administration de Thalys, Georges Gilkinet, ministre de la Mobilité, et Benoît Gilson, CEO d'Infrabel.
Thalys est actuellement propriété du groupe Eurostar, avec laquelle elle fusionnera courant 2023 avec un -magnifique- rebranding (annoncé il y a plusieurs semaines) de Thalys et Eurostar en marque unique Eurostar. Le Groupe Eurostar est à 74% public avec la SNCF et la SNCB. Il possède désormais le monopole sur la liaison Bruxelles-Paris.
Probable conséquence de la fusion, Bruxelles – Amsterdam n’est désormais plus accessible via l’Eurostar. Mais revenons à notre ligne : Thalys avait une liaison plus lente entre les deux capitales, française et belge depuis 2016 jusqu’en 2022, sous la marque IZY, ce qui a permis à beaucoup de personnes de prendre le train entre les 2 métropoles avec des prix accessibles, que finalement la société avait abandonnée par « souci de clarté ». Le train, pendant un temps une automotrice TGV TMST ex-Eurostar, employait la ligne classique entre Paris et Arras, ce qui ajoutait 1h de trajet pour l’établir vers les 2h30, une des raisons qui justifiaient le petit prix quasi constant, avec un prix d’appel à 9€.
Dans les 3 premières années d’exploitation, IZY avait réussi à faire voyager 1,2 millions de personnes. Puis le COVID est arrivé. IZY a finalement repris courant 2021 avec des fréquences limitées, 5 aller-retours par semaine, tout au plus, avec une motrice Thalys rouge.
Thalys pendant ce temps a toujours gardé ses prix tels un billet d’avion, très variables et un manque de flexibilité de dernière minute et parfois très hauts, malgré un prix d’appel variant de 25 à 29€ et une crédibilité parfois entachée avec les différents incidents durant l’été 2022 avec des rames bloquées en Belgique et en France ou encore une adaptation de l’horaire suite à des maintenances imprévues.
Constat dès l’annonce, un bond de réservations chez Flixbus pour faire la liaison par la route, en car, Flix étant une société allemande qui a généralement des prix accessibles même lorsque les bus sont proches d’être complets. Le 23 décembre 2022, par exemple, Flixbus prévoyait 36 aller-retours entre les deux capitales, 39 en pic début janvier.
Même son de cloche côté Blablacar, le nombre de réservations a aussitôt bondi avec l’arrêt des opérations de IZY.
Flix est une société de cars allemande qui opère des bus à travers l’Europe à des tarifs assez concurrentiels et participe à la libéralisation du rail en Allemagne et en Suède à travers sa filiale FlixTrain, lancée en 2017.
En 2020, l’entreprise colorée en vert a renoncé à lancer ses opérations ferroviaires en 2021 sur le territoire français. Les plans incluaient Paris – Lyon, Toulouse, Nice et Bordeaux également une liaison entre Paris et Bruxelles. Les raisons de ce revers sont «dues aux coûts importants de l’infrastructure, comparés à d’autres marchés européens.», avait expliqué Yvan Lefranc-Morin en 2020, patron de la branche française de Flix.
En 2022-23, les projets sont toujours suspendus. L’argument premier est toujours valide, avec un argument de taille : le manque de matériel roulant, nous a confirmé Charles Billiard, porte-parole Flix France & Benelux. Cependant, l’entreprise reste confiante que la situation évoluera positivement dans le temps, elle va par ailleurs explorer d’autres marchés européens dans les deux prochaines années.
Paris – Bruxelles opéré par Flix comporterait des arrêts à Bruxelles-Nord, Bruxelles-Central, Bruxelles-Midi, Mons et Saint-Quentin, sur ligne classique donc. Il s’agirait comme en Allemagne et en Suède de voitures standard utilisés par exemple à la SNCB et non pas des automotrices, plus récentes.
Une autre société qui se montre intéressée par la liaison abandonnée, d’après une interview au Parisien en décembre dernier, est une filiale de la SNCF, qui a démarré en avril dernier une offre sur ligne classique : OUIGO Train Classique, qui roule en parallèle des services OUIGO à grande vitesse, le tout à bas prix. Cette offre a été introduite sur des tronçons plus lents, de Paris à Lyon et Nantes. L’action est un succès immédiat, avec des prix d’appels à 5€ l’aller-simple.
Le matériel utilisé est en fait des anciennes voitures Corail réaménagées avec des BB 22000. Mais que cela soit ce type de matériel roulant ou les TGV Duplex utilisés par OUIGO Grande Vitesse, ils sont tous les deux incapables de rejoindre Bruxelles-Midi, car la tension de la caténaire n’est pas compatible avec ce qui est utilisé sur la locomotive et l’automotrice.
Il existe évidemment aussi pour ceux qui ne veulent pas payer trop cher une liaison entre Bruxelles et Paris Charles-de-Gaulle, avec les TGV inOui. Par ailleurs, à Lille, il est possible de changer de TGV pour obtenir un prix plus bas.
Si la beauté du paysage vous dit toujours, il faut aller à Lille via la ligne classique avec une correspondance à Tournai, puis le TGV ou le TER jusque Paris. Une autre possibilité qui s’offre au voyageur, grâce au nouvel horaire d’application depuis décembre dernier, passer par Charleroi et Maubeuge et avoir un TER tout droit jusque Paris. Cependant, vérifier plusieurs fois les horaires s’impose, car la France n’a pas le système de cadence de la Belgique.
Pour le futur, des accords ont été passés côté franco-belge en 2021 entre les ministres Djebbari et Gilkinet pour augmenter le trafic passager comme de marchandises entre la Belgique et la France, avec la réouverture progressive, non sans réaménagement et investissement, de Quiévrain – Valenciennes et de Dinant – Givet dans les années à venir.
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