Depuis ce dimanche 2 mars 2025, le tram de Luxembourg possède une nouvelle extension de sa seule ligne, entre les stations Luxexpo et Findel - Luxembourg Airport, longue de 3,9 kilomètres. Cette extension est l’ultime prolongement prévu de la ligne 1 ouverte en 2017 et désormais longue de 16,2 kilomètres, reliant l’aéroport et le stade de la ville. Le nouveau tronçon est notamment marqué par un pont, un site propre en forêt et un tunnel. Un nouveau P+R (Héienhaff) est par ailleurs en cours de construction à côté de l’autoroute vers Trèves. De nombreuses lignes de bus ont été adaptées avec la mise en service de cette nouvelle extension, tandis que le Grand-Duché de Luxembourg fête les 5 ans de la gratuité de ses transports, avec un bilan plus que positif.
“Les meilleures idées sont souvent celles que l’on jugeait d’abord impossibles”, a dit Helge Dorstewitz, directeur général de la société Luxtram, lors des discours après l’inauguration de l’extension du tram de Luxembourg jusqu’à l’aéroport de la ville.
Deux rames CAF Urbos 3 ont circulé en même temps entre le dépôt (Tramsschapp) du Kirchberg et l’aéroport, côte à côte, avec officiels, journalistes et autres invités, et ont été accueillies sous les fanfares du Tramsmusék. Les officiels ont ensuite coupé le ruban.
En effet, ce dimanche matin, la première et seule ligne de tram du Grand-Duché du Luxembourg a été prolongée depuis Luxexpo jusqu’à LuxAirport, l’aéroport de Luxembourg Findel. “Aujourd’hui, sous ce magnifique ciel bleu, je suis ravie que nous puissions être ensemble, si nombreux”, a indiqué Yuriko Backes, ministre luxembourgeoise de la Mobilité et des Travaux publics.
La marche à blanc (services non commerciaux) avait débuté le 17 février dernier et s’est achevée tard dans la soirée de samedi.
Le premier service commercial au départ de l’aéroport a été lancé à 12:01 et est arrivé à Stadion, après presque 48 minutes de parcours.
Fin de la ligne 1
L’extension est un projet commun entre LuxTram, les Ponts et Chaussées, la Ville de Luxembourg et l’État luxembourgeois. “Ce qui a été accompli ici, ce qui a été réalisé, est exemplaire”, a commenté Lydie Polfer, bourgmestre de la Ville de Luxembourg. “LuxTram, c’est la volonté commune de l’État et de la Ville de Luxembourg, non seulement de trouver des solutions, mais surtout de réaliser des projets.”



La ligne, désormais longue de 16,2 kilomètres entre les stations Stadion et Findel - Luxembourg Airport, a été d’abord ouverte le 10 décembre 2017 entre les stations Rout Bréck - Pafendall et Luxexpo avant d’être prolongé plusieurs fois à l’ouest et au sud, entre Rout Bréck - Pafendall et Stäreplaz/Étoile le 27 juillet 2018, Stäreplaz/Étoile - Gare Centrale le 13 décembre 2020, Gare Centrale - Lycée Bouneweg le 11 septembre 2022 puis Lycée Bouneweg - Stadion le 7 juillet 2024.
Au total, la ligne 1 dessert pas moins de 24 stations entre Luxembourg Airport et Stadion, dont 10 pôles d’échange.
“Il a fallu faire des choix : quel tracé ? Quels aménagements ? Quelles couleurs ? Quelle signalétique ? Ces décisions ont été prises collectivement, et elles étaient les bonnes.”
L’extension marque l’achèvement de la ligne 1. “Ce n’est pas un point final, mais le début d’une nouvelle phase.”
Nouveau pont, nouveau tunnel
Cette nouvelle et dernière extension pour la première ligne de tram du Grand-Duché est longue de 3,9 kilomètres et débute à Luxexpo. Le tram longe le “Tramsschapp” avant de monter sur un pont de 110 mètres de longueur surpassant l’A1, le premier que construit Luxtram. Préfabriqué en Belgique, le tablier en acier a été assemblé en deux demi-ouvrages, de part et d’autre de l’autoroute A1 puis connectés lors d’une opération de “ripage” au printemps 2023. Sa structure en aluminium recyclable garantit résistance, durabilité et intégration paysagère.
Le tram continue ensuite sur un long site propre de 2 kilomètres, avec la traversée de forêt du Gréngewald, avant de rejoindre un tunnel décoré par une fresque artistique réalisée par des élèves du Lycée des Arts et Métiers sous la direction de l’artiste luxembourgeois Yves-Laurent Grosbusch.
Dans le cadre du projet, 3,2 hectares d’arbres ont été enlevés le long de l’autoroute A1. L’ensemble de ces travaux a été soumis à une autorisation préalable des services du ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable. Dès le mois de février 2022, de nouveaux arbres – des chênes et des hêtres – étaient plantés sur des terrains sélectionnés dans les communes de Junglinster, Lorentzweiler et Niederanven. Ces plantations, d’une surface totale de 8,6 hectares, favoriseront la construction de nouveaux habitats pour la faune.
Le nouveau tronçon s’inscrit dans la continuité des aménagements du centre-ville, avec une partie végétalisée importante de la plateforme qui enrichit le patrimoine végétal. Le revêtement de la plateforme de tramway qui traverse la forêt est réalisé avec des matériaux régionaux et comprend un système de diffusion naturelle des eaux de pluie.
Futur P+R
Le tram dessert P+R Héienhaff, un site en chantier proche de l’A1 vers Trèves, qui devra accueillir à terme un parking voitures et être un autre pôle d’échange avec une nouvelle gare routière qui viendra renforcer l’infrastructure déjà existante et accueillera davantage de lignes RGTR en provenance de l'est du pays et de l'Allemagne, renforçant ainsi la connectivité régionale.
L'arrêt de bus Senningerberg, Héienhaff aménagé sur la route de Trèves (N1) a aussi été mis en service. Il sera desservi par les lignes d'autobus AVL (6, 16 et 29) et RGTR (223, 361 et 850) et assurera une connexion fluide avec le tram.
Enfin, l'arrêt Senningerberg, Autobunn sur la N1 (lignes 6, 16, 29, 223, 302, 361 et 850) sera remplacé par l'arrêt Senningerberg, Parishaff situé sur le boulevard Höhenhof.
À la sortie du Héienhaff, le tram parcourt le nouveau boulevard Höhenhof, traversant la zone d’activités du Findel pour assurer la connexion avec l’aéroport, le deuxième pôle d’échange et nouveau terminus.
Le long du nouveau boulevard, la plateforme est végétalisée avec des espèces locales adaptées, ne nécessitant pas d’arrosage.
Le tram à l’aéroport
“Aujourd'hui, nous sommes au Findel. Le Findel, pour ceux qui viennent de l'étranger, pour nos invités venus de l'extérieur, est le premier contact avec notre pays.
Pour nous [luxembourgeois], le Findel est une porte vers l'extérieur, lorsque nous voyageons en Europe et au-delà” commente Yuriko Backes. “Avec cette nouvelle liaison vers l'aéroport, nous n'avons pas seulement un hub aérien, mais l'aéroport devient un élément intégral de notre réseau de transport, qui est efficace, durable, moderne et confortable.”
Le nouvel arrêt, terminus, de tram Findel - Luxembourg Airport permet aux voyageurs de rejoindre directement l'aéroport en correspondance avec les bus AVL (6, 16, et 29) et RGTR (223, 302, 361 et 850).
De plus, les Quai 5 et Quai 6 seront aménagés le long de la Route de Trèves (N1), à proximité de la sortie du Parking A de l'aéroport, pour les lignes 223 et 361, au lieu des Quais 3 et 4.
“Grâce à ces nouveaux arrêts, nous apporterons une amélioration pour les usagers des transports en commun et consolidant ainsi l'engagement du Grand-Duché de Luxembourg en faveur d'une mobilité performante et respectueuse de l'environnement”, fait savoir dans un communiqué l’Administration des transports publics luxembourgeois.
Avec la mise en service du tram, les lignes de bus 6 et 16 subissent des modifications dès ce 2 mars, au Kirchberg, avec pour la ligne 6 les arrêts Simone de Beauvoir, Léon Thyes, Mathias Tresch et ne marque plus l’arrêt à Poutty Stein. Quant à la ligne 16, elle ne dessert plus Poutty Stein ou Luxexpo mais s’arrêtera à Chambre des Métiers, Alphonse Weicker et Hôpital Kirchberg.
Nouveau plan de mobilité
“Ce n'est qu'en travaillant ensemble que nous pouvons véritablement façonner l'avenir de notre mobilité”, a déclaré Yuriko Backes. “Nous poursuivons une politique de mobilité très ambitieuse. Nous sommes déterminés à continuer d'étendre le réseau de tramway.” La ville de Luxembourg représente plus de 40% des emplois du pays tandis que 60% de ces travailleurs se rendent en ville en voiture. Le Grand-Duché voudrait aussi améliorer l’accessibilité du réseau de transports publics.
La ministre indique les travaux de l’extension du Kirchberg (K2A) vers le boulevard Konrad Adenauer et l’École européenne débuteront bientôt. La préparation des travaux a démarré le 20 février et le premier coup de pelle est prévu en mai. L’inauguration de l’extension de 2,3 kilomètres est prévue à la rentrée 2027.
“Notre tram est véritablement une success story” : actuellement, plus de 120 000 personnes prennent la seule ligne de tram chaque jour. Le Grand-Duché vise 300 000 voyageurs quotidiens d’ici 2030. “C'est énorme, et nous devons nous organiser pour que cela fonctionne bien ensemble”.
Depuis son lancement, le tram a enregistré une croissance soutenue de sa fréquentation. En 2018, 4,7 millions de passagers l'ont emprunté, 6,2 millions en 2019, un chiffre en augmentation chaque année, atteignant 31,7 millions en 2024. En sept ans, 110,8 millions de voyageurs ont utilisé le tram, multipliant ainsi la fréquentation par près de sept. En 2025, cette dynamique se poursuit, confirmant le rôle clé du tram dans la mobilité quotidienne au Luxembourg.
Des extensions sont aussi prévues à terme sur la Route d’Arlon (2,2 kilomètres avec une section souterraine dont la mise en service pour 2032), la Route d’Esch (4,2 kilomètres avec un axe nord-sud parallèle à la ligne 1, pour une mise en service en 2030/2031) ainsi que Nei Hollerich (1,1 kilomètres, début des travaux 2027) et le Tram rapide vers Esch-sur-Alzette, dont les études et procédures environnementales sont en cours. “Je pense que ce sont de magnifiques projets, et nous sommes résolument engagés à aller de l'avant aussi vite que possible, dans l'intérêt de toutes les personnes qui vivent et travaillent ici au Luxembourg”. Un nouveau dépôt est prévu à la Cloche d’Or à partir de 2029 ou 2030.
“Le défi pour moi et pour tous ceux qui travaillent sur ce projet, c'est non seulement d'anticiper les besoins de mobilité de demain, mais aussi de les planifier. Dans ce cadre, nous avons lancé une enquête représentative sur la mobilité (Luxmobil 2025) : elle est déjà en cours pour les résidents luxembourgeois de même qu’aux travailleurs transfrontaliers, ainsi qu’en France. En Belgique et en Allemagne, cela commencera prochainement. Les résultats de ces différentes enquêtes seront intégrés dans le prochain Plan National de Mobilité 2040”, commente Yuriko Backes. Ils guideront les décisions futures en matière d'aménagement, d'optimisation des infrastructures et de développement des offres de transport. L'objectif est de répondre toujours mieux aux besoins de la population et de poursuivre la transition vers une mobilité plus durable.
5 ans de gratuité des transports publics au Grand-Duché
Hasard du calendrier ou pas, le 1er mars 2020, il y a cinq ans tout juste, le Grand-Duché de Luxembourg est devenu le premier pays au monde à offrir la gratuité totale des transports en commun (à l'exception de la 1re classe dans les trains) sur l'ensemble de son territoire.
Selon le ministère luxembourgeois de la Mobilité et des Travaux publics, les transports publics “ont enregistré des progrès significatifs, malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19 deux semaines après l'introduction de la gratuité”. Le réseau ferroviaire est par exemple passé de 25 millions de passagers en 2019 à 31,3 millions en 2024.
“La gratuité des transports publics allège le budget des ménages et promeut une mobilité durable. En supprimant les frais de déplacement, le gouvernement encourage les résidents, travailleurs transfrontaliers et touristes à privilégier les transports en commun, réduisant ainsi la dépendance à la voiture, les embouteillages et les émissions polluantes. Cette initiative s'inscrit dans une stratégie de mobilité multimodale alliant investissements et amélioration du service.”
Le Grand-Duché va continuer à investir dans le ferroviaire mais aussi dans l’offre des bus “notamment en milieu rural, avec des fréquences accrues sur les lignes régionales desservant les gares. Les lignes express seront renforcées pour réduire les temps de trajet et améliorer la fluidité des déplacements.” De plus, le Wi-Fi sera progressivement déployé dans les bus et les trains. Un système d'information en temps réel des bus viendra compléter ces améliorations, permettant aux voyageurs d'optimiser leurs trajets en fonction de la circulation et des horaires actualisés. Enfin, des efforts seront faits dans l’intermodalité avec la modernisation des gares, des pôles d'échanges et des arrêts pour simplifier les correspondances.
“5 ans après son lancement, la gratuité des transports publics a prouvé qu'elle était bien plus qu'un symbole: c'est une mesure concrète qui améliore la qualité de vie des habitants, elle est un facteur d'attractivité et renforce notre engagement en faveur d'une mobilité durable et inclusive. Nous continuerons à investir pour rendre nos infrastructures toujours plus performantes”, conclut Yuriko Backes.
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