Bruxelles : le tram 51 revient à Albert, sa partie sud devient la ligne 18
Après 3 ans de travaux, la station Albert à Forest accueille depuis ce lundi matin à nouveau des trams depuis la trémie « Jupiter ». La ligne 18 a pris le relais de la ligne 51 désormais limitée à la Gare du Midi. La partie sud a été inaugurée par les autorités présentes en nombre. La station reste toujours en pleine transformation pour accueillir à l’horizon 2030 la nouvelle ligne de métro 3. Petite rétrospective des lignes de tram qui ont aussi parcouru la Chaussée d’Alsemberg depuis 1840.
À environ 5h15 ce matin, le premier service officiel de la ligne 18 est arrivé à la station Albert à Forest, signant ainsi le retour des trams entre l’Altitude 100 et la station de prémétro, une première depuis août 2020.
À 10h45, la ligne 18 a officiellement été inaugurée par Brieuc de Meeûs, directeur de la STIB, Elke van den Brandt, Ministre bruxelloise de la mobilité et Jean Spinette et Mariam El Hamidine, bourgmestres des communes de Saint-Gilles (la station se situant à la frontière de Saint-Gilles) et de Forest.
Cette ligne, comme l’annonçait en exclusivité Mobilithib en juin dernier, est la partie sud de la ligne de tram 51 qui a été coupée en deux en novembre 2022, dans le cadre des travaux de préparation de la nouvelle ligne de métro 3, projet sans cesse retardé.
La ligne 51, qui reliait Van Haelen, au quasi-quadri point de Linkebeek, Uccle, Drogenbos et Beersel à Stade, proche du Stade Roi Baudouin, à Laeken était déjà déviée entre août 2020 et novembre 2022 entre les arrêts Globe et Albert via Vanderkindere, en suivant le trajet de la ligne de tram 4, grâce à un aiguillage à Globe entre Rue de Stalle et Chaussée d’Alsemberg, terminé en 2017.
La STIB, notamment, a profité pour mettre à jour la Chaussée d’Alsemberg avec de nouveaux quais adaptés à la mobilité réduite entre Jupiter et Globe et de poser nouvelles voies, en plus de commencer les travaux d’adaptation à la station Albert.
Lors des travaux, la ligne temporaire de bus 70 a circulé entre Homborch et Albert, parfois prolongé à Porte de Hal, avant de cesser son service fin juin 2023 et d’être limité pour reconstituer les renforts de la ligne 43 entre Homborch et le Square des Héros à Uccle.
Le terminus définitif de la toute nouvelle ligne 18, par ailleurs 18e du réseau bruxellois, s’établit dans cette station Albert. Un prolongement d’environ 600m du tronçon sud du tram 51 revenu à l’Altitude 100 depuis début novembre dernier, desservant ainsi à nouveau l’arrêt Jupiter.
Il s’agit par ailleurs de la première ligne non-Chrono inaugurée par la STIB depuis la ligne 93 Legrand – Stade en 2013.
Depuis fin juillet dernier, le tronçon à Uccle est encore plus court, le terminus Van Haelen n’étant plus accessible temporairement à cause de nouveaux travaux, la ligne 18 et encore hier la ligne 51 finissent leur parcours à Bourdon, soit à 900m d’initialement, grâce à un aiguillage dit californien.
À partir de fin décembre 2023, le tram 18 sera (re)prolongé à Van Haelen.
La ligne 51 dans sa partie nord, existe toujours, entre la Gare du Midi et Stade, ce tronçon qui portait il y a quinze ans, le numéro de ligne 18, colorée en bleu foncé, qui reliait l’arrêt « Houba de Strooper » au Dieweg, à Uccle, à l’actuel terminus du 97, la ligne 18 remplacée par les lignes 97, 82 et 51.
La fréquence des trams ne change pas : jusqu’à un tram toutes les 6 minutes en heures de pointe.
La station
Pour le trentenaire de la station Albert, créée en 1993 lors du prolongement de la ligne de prémétro 3 du centre-ville vers Forest, la première phase des travaux a été terminée : les trams de la trémie Jupiter arrivent désormais au niveau -1, à l’ancienne salle des guichets, au lieu du niveau -2 comme auparavant.
Au même niveau, quand le métro 3 sera en service, le -1 accueillera aussi les terminus des lignes 4 (vers Stalle) et 7 (vers Heysel). Ce terminus ne sera pas totalement définitif car il sera possible de prolonger la ligne 7 vers la place de Rochefort, proche de l’Avenue du Roi, le projet est en tout cas étudié au niveau de la STIB.
Cette station avait déjà été conçue pour à terme permettre des terminus sur deux niveaux, un pour les trams et un pour le métro, ce qui a grandement facilité le travail de transformation.
En ce moment, les lignes de tram 3 et 4 continuent à circuler au niveau -2, sans perturbation.
La station, en plus de trois entrées déjà accessibles, se dotera de 5 ascenseurs (la construction est en cours), dont deux en surface, qui la rendront accessible à toutes les personnes à mobilité réduite, une accessibilité également renforcée par le remplacement de tous les escalators. Ces travaux permettront en outre de faciliter l’accès aux différentes lignes de bus qui passent en surface (37, 48, 54, N11). Un parking vélo sécurisé est également prévu.
La troisième entrée vers la Chaussée d’Alsemberg et l’Avenue Jupiter avait dû être fermée le temps des travaux, elle a aussi été rouverte.
Le long de la nouvelle extension pour la ligne 18, une nouvelle dalle a dû être posée, en plus d’élargir le tunnel existant pour y poser un quai central. De nouveaux équipements ont été installés par la suite. Les essais avaient par ailleurs commencé fin avril début mai de cette année.
Mobilithib a pu néanmoins constater la présence d’une petite fuite, d’eau (?), sur le nouveau quai. La STIB ne semble par ailleurs pas avoir assez anticipé l’ouverture de la partie supplémentaire car ce matin, vers 10h, des employés collaient encore de l’information voyageurs sur les murs, des voyageurs se sont de plus retrouvés déboussolés dus au manque de signalétique adéquate.
Sur les murs du nouveau terminus, ont été posées deux fresques photographiques, d’étudiants de l’INRACI toute proche, de l’ESA Saint-Luc et LUCA School of Arts, qui représentent des lieux et des photos prises à Forest et Saint-Gilles, en plus d’autres photos le long des murs de la station appartenant à Bruxelles Mobilité.
L’œuvre d’art « Fragments de mémoire », de l’artiste Jephan de Villiers, qui se trouve à plusieurs endroits dans la station, a été réintégrée en partie, et le sera totalement une fois la station achevée.
Une autre fresque rendant hommage à plusieurs générations de Street-Artistes bruxellois, et mettant en lumière la qualité graphique dans le travail des Street-Artistes du quartier, a été installée sur les deux murs de la trémie Jupiter qui relie l’avenue Jupiter au terminus du tram 18.
L’espace libéré du -2 sera à terme réaménagée en arrière-gare pour les opérations métro.
Avec les nombreux retards dus au tunnel Constitution qui demande un démantèlement partiel du Palais du Midi, l’ouverture de la ligne de métro 3 est désormais espérée pour l’horizon 2030, selon An Van Hamme, porte-parole de la STIB.
« Ce chantier est un véritable défi technique. Il ne s’agit pas juste d’une rénovation, mais bien d’une transformation complète de la station, qui a été complètement désossée. Et tout cela, en maintenant l’exploitation de deux lignes de tram pour incommoder le moins possible les voyageurs. Tous les services de la STIB ont collaboré, à un niveau ou un autre, à faire de cette première étape une réussite. Et un pas en avant vers le futur terminus du métro 3 », se félicite Brieuc de Meeûs, CEO de la STIB.
« Je suis heureuse de voir cette première étape du futur pôle multimodal de la station Albert achevée. Si les travaux et la réorganisation du réseau vont sans doute encore demander de la patience à nos usager(e)s, Albert va devenir à terme un pôle essentiel du réseau de la STIB. Il offrira des correspondances directes et faciles entre les lignes de tram 4, 7 et 18, la future ligne de métro 3, et les lignes de bus qui passent en surface (37, 48, 54, N11). Un parking vélo sécurisé est prévu. Enfin, la station Albert sera aussi beaucoup plus conviviale et bien entendu plus accessible aux personnes à mobilité réduite », indique la ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt.
Le tram Chaussée d’Alsemberg
Avec les travaux effectués Chaussée d’Alsemberg pendant deux ans, plusieurs quais ont été déplacés mais surtout tous ont été réhaussés entre Globe et Jupiter et ont aussi permis l’arrivée des trams à planchers bas, les T3000.
Cette Chaussée qui relie Saint-Gilles à Alsemberg (Brabant flamand) et plus loin Braine-l’Alleud (Brabant wallon) est un axe assez important de la capitale, créé par étapes entre 1729 et 1740.
Les transports publics n’auront pas tardé à opérer sur cette longue avenue : alors que les premiers omnibus à traction hippomobile ont commencé à circuler dans la capitale vers 1842, la Chaussée d’Alsemberg avait déjà dans les années 1840 son premier service.
Très rapidement, il a été décidé par les autorités de passer au transport sur rail, tracté toujours par des chevaux en 1877 puis au tout électrique, la première du genre à Bruxelles, dès le 25 octobre 1896, avec l’inauguration en grandes pompes de la liaison Midi – Globe.
Au début du XXe siècle, la ligne 9 (qui reliait le Globe à l’hôpital Brugmann à Jette via la Bourse) est prolongée jusqu’à la Gare d’Uccle-Calevoet.
La Gare d’Uccle-Calevoet, qui fêtera le 20 septembre son 150e anniversaire, est situé sur la ligne 124 Bruxelles – Charleroi et a aussi été le terminus des lignes 7 et 9. Une halle et une cour à marchandises étaient même installées pour permettre aux « Tramways bruxellois », ancêtre de la STIB, de réceptionner de nouveaux véhicules.
Dès le 13 novembre 1926, une toute petite partie de la ligne 9 a aussi circulé entre la Gare de Calevoet et l’Avenue du Silence, en aval du Cimetière de Saint-Gilles. Les deux parties de la ligne opéraient séparément à cause d’un passage à niveau, dont l’autorisation de circuler a été refusée, sauf tôt le matin et tard le soir pour permettre le transfert de véhicules.
Avec l’électrification de la ligne ferroviaire 124 en 1948, ce petit tram ne pouvait plus traverser les voies et un agent de police devait surveiller la nuit le seul véhicule de la deuxième courte partie de la ligne 9.
Le 9 mai 1950, le court tronçon fut supprimé, car des travaux ont été terminés pour donner naissance à la Rue Engeland et permettre aux trams de continuer leurs itinéraires depuis la gare de Calevoet jusqu’au terminus « du Silence », sous le viaduc de Calevoet construit en 1872.
Pendant ce temps, la ligne 7 est arrivée à Uccle-Calevoet en novembre 1946, reliant désormais Grand-Bigard à Uccle via la Barrière de Saint-Gilles et la Gare du Nord.
Le 9 janvier 1968 voit arriver la fameuse ligne 55 que bon nombre d’ucclois ont connu, pour remplacer les lignes 7 et 9. Elle reliera en non-stop la Place de la Paix à Evere à l’Avenue du Silence à Uccle, via notamment la Barrière de Saint-Gilles, les Boulevards du Centre, avant d’être prolongée par la suite jusqu’à la Gare de Bordet, sur la ligne 26 Hal-Schaerbeek.
Le 4 octobre 1976, le tram est enterré entre la Gare du Midi et la Gare du Nord via la ligne de prémétro 3, via les stations Lemmonier, Anneessens, Bourse, De Brouckère et Rogier, avec entre autres, les lignes 3, 52 et 56.
En 1993, le 3 décembre, le prémétro 3 est prolongé : Porte de Hal, Parvis de Saint-Gilles, Horta et Albert sont ouvertes et le tram 55 ne passe plus par le goulot d’étranglement de la Barrière de Saint-Gilles, les automobilistes les premiers connaisseurs. À Albert, la ligne 55 continue tout droit vers l’Altitude 100, les lignes 3 et 90 tournent à gauche vers Vanderkindere.
Pour ce nouveau tunnel, l’entrée du tram 55 dans le prémétro s’est faite via la trémie Jupiter. Au niveau du croisement en étoile Coghen, le tram 55 rejoint désormais l’Altitude 100 sur la gauche, au lieu de continuer tout droit sur la Chaussée d’Alsemberg, comme auparavant.
Les derniers grands changements interviendront en 2008, le 30 juin, dans le cadre de la grande restructuration du réseau de la STIB. La ligne 55 est raccourcie entre Rogier et Bordet, avant d’être prolongée plus tard vers Da Vinci.
La ligne 51 a repris le flambeau entre la Gare du Midi et le Silence en plus d’une partie de la ligne 81 jusqu’au Heysel.
Jusqu’au 3 août de la même année, la ligne 51 a relié Silence au Heysel, avant d’être ramené jusqu’au 26 septembre 2008 au tronçon Heysel – Uccle-Calevoet, pour faire les travaux du prolongement au sud vers Van Haelen, terminus inauguré le 29 septembre 2008. Le nom de son terminus tient au nom du quartier d’une brasserie éponyme disparue dans les années 60.
D’octobre 2008 jusqu’au nouvel an 2010, à la suite de travaux au terminus Heysel, le terminus est changé à Stade, elle réintégrera cette dernière définitivement le 10 mars 2014.
Jusqu’en août 2020, la ligne 51 circulait sur l’entièreté de son parcours, avant sa déviation, sa scission non officielle et sa coupure définitive en ligne 18 ce matin, de ce qui était jusqu’à alors la ligne de tram la plus longue du réseau bruxellois (15,5 km) depuis la scission de la ligne 94 de 20,4 km en 2013.
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