Après plus de vingt ans de blocages, le Conseil communal de Linkebeek a finalement tranché : la gare historique, ouverte en 1887, disparaîtra. Réunis ce 15 septembre, les élus ont validé de justesse une convention avec Infrabel : deux voies seront maintenues sur 700 mètres de la ligne 124 Bruxelles - Charleroi, au lieu des quatre prévues, mais au prix de la suppression de la halte et d’une fusion partielle avec celle de Moensberg. La gare de Holleken deviendra la seule de la commune, dotée de quatre voies et desservie par jusqu’à six trains par heure. Un moratoire de douze ans encadrera cette décision, période durant laquelle Infrabel s’engage à ne déposer aucune demande de permis pour de nouveaux travaux.
En raison d’un conflit d’intérêts entre l’auteur et le sujet du RER bruxellois (ainsi que la gare de Linkebeek), cet article pourrait ne pas être neutre.
Dernière mise à jour : 16/09/25 12:48 CEST
Ce lundi 15 septembre, le Conseil communal de Linkebeek, dans la périphérie sud de Bruxelles, a approuvé la proposition d’Infrabel : maintenir deux voies (au lieu des quatre prévues dans le plan initial de 2003) sur un tronçon de 700 mètres de la ligne 124 (Bruxelles–Charleroi), mais au prix de la suppression de la gare de Linkebeek. La décision a été adoptée de justesse : 7 voix pour, 6 contre et une abstention. Le bourgmestre Yves Ghequiere a voté contre.
Depuis plus de vingt ans, une majorité du Conseil et un collectif de riverains refusent le quadruplement intégral du tronçon situé entre Uccle et Holleken, arguant que cela défigurerait la commune, impliquerait des expropriations et causerait des atteintes environnementales. La dernière idée d’Infrabel a été de garder les deux voies, mais de supprimer la gare de Linkebeek, en la “fusionnant” avec celle de Moensberg, à Uccle, à moins d’un kilomètre au nord. Cette fusion reste cependant partielle, puisque les trains S9 (Landen - Nivelles) et S19 (Charleroi/Nivelles - Brussels Airport/Landen) ne pourraient pas s’y arrêter en l’absence d’infrastructures adaptées, non prévues dans les plans.
La solution n’est pas définitive. Infrabel garde la possibilité de demander un permis pour réaliser le passage à quatre voies si la période d’essai, le moratoire de 12 ans, n’est pas concluante. C’est bien cette proposition, avec la suppression de la halte de Linkebeek, qui a été approuvée lundi soir.
Avant même le débat de fond, la séance avait été marquée par une controverse : un conseiller de la majorité, Benjamin Daro, a été prié de ne pas siéger, les juristes de Linkebeek et l’Agentschap Binnenlands Bestuur (ABB) ayant estimé qu’il existait un conflit d’intérêts puisqu’il est également représentant d’un collectif de riverains. Pour l’opposition menée par Damien Thiéry, il s’agit d’un « déni de démocratie ».
Infrabel plaidait depuis plus de vingt ans pour le quadruplement intégral de la ligne, mais les discussions avec la commune et Tuc Rail, engagées depuis un an et demi, avaient permis de trouver une variante, celle qui a été adoptée. Le gestionnaire a par ailleurs réagi : “Nous saluons la décision du conseil communal de Linkebeek. Celle-ci intervient après plusieurs mois de négociations. Il s’agit d’une étape importante vers l’aboutissement du projet du RER. Infrabel va maintenant poursuivre les échanges avec toutes les parties prenantes en vue de conclure une convention dans les meilleurs délais.”
Plusieurs élus ont cependant insisté sur le fait que la version finale de la convention s’écartait de l’accord de principe voté en mars dernier, en y ajoutant des clauses jugées contraignantes et en laissant de côté des garanties essentielles : la réouverture de la halte de Linkebeek si les quatre voies sont construites après le moratoire, l’absence de calendrier précis et de financement pour les liaisons cyclables, ou encore une étude de mobilité programmée seulement après le dépôt des permis d’urbanisme, ce qui la rend beaucoup moins utile. “Nous achetons un chat dans un sac”, a résumé Pierri Vercheval, conseiller de la majorité.
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Travaux inutiles et pas de capacité à Holleken ?
L’ironie veut que le parking de la gare de Linkebeek soit actuellement en construction, sur la dalle au-dessus de la ligne 124, côté bruxellois. De plus, à Moensberg, seuls les trains S5 et S7 (ligne 26 Hal–Schaerbeek) marquent l’arrêt, tandis que le S1 de la ligne 124 continue sa route. Côté SNCB, aucune date n’a été avancée pour la mise en service complète, alors que la plupart des travaux sont déjà terminés. Selon Tuc Rail, la configuration actuelle ne permet d’ailleurs pas de mettre pleinement en service les gares de Moensberg et de Braine-l’Alliance.
Les nouveaux plans prévoyaient aussi l’aménagement d’une passerelle cyclo-piétonne entre Linkebeek et Moensberg. Elle ne devrait pas être achevée avant fin 2028, date qui marquera également la fermeture définitive de la halte de Linkebeek, ouverte le 1er décembre 1887. Au sud du tronçon, entre Holleken, Rhode-Saint-Genèse et Waterloo, le passage à quatre voies ne fait pas débat et doit permettre d’accueillir jusqu’à six trains par heure dans ces gares, soit quatre S1 et deux S9/S19.
À Holleken cependant, les élus hostiles craignent que, malgré un nouveau pont et une nouvelle gare, la circulation locale ne se dégrade en raison des rues étroites, et que la commune ne dispose pas de l’infrastructure routière pour absorber le surplus. Ils estiment aussi qu’Infrabel devra convaincre la STIB et De Lijn de renforcer l’offre de bus, ce que l’échevin de la Mobilité, Cédric Letier, a commenté avec ironie : “la STIB en rit.”
Les opposants rappellent que la halte de Linkebeek accueille plus de 1 200 voyageurs quotidiens et demeure la plus accessible du secteur. Ils contestent donc la capacité de Holleken à absorber ce flux supplémentaire.
Du côté nord, à Moensberg, la mise à quatre voies reste conditionnée à un permis à Linkebeek, comme Infrabel l’a confirmé à mobilithib. Certains médias affirment toutefois que, même si le tronçon de Linkebeek reste limité à deux voies, Moensberg pourrait malgré tout être élargie.
La saga est loin d’être terminée : le Conseil d’État doit se prononcer dans les prochains jours sur le GRUP (plan flamand d’aménagement du territoire), après un nouveau recours citoyen. Parallèlement, une pétition circule pour demander à Infrabel de revenir sur la suppression de la gare de Linkebeek.
En bref, les quatre voies entre Waterloo et Holleken ne sont pas attendues avant 2033, sauf nouveaux retards dus à des recours. En attendant, la situation de Linkebeek continue de pénaliser chaque jour les navetteurs des lignes 26 et 124.
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Infrabel va inaugurer mi-2025 une nouvelle gare multimodale à Uccle, en Région bruxelloise, la plateforme du Moensberg. L’arrêt de la ligne 26 existe depuis plusieurs décennies mais cette fois-ci, le gestionnaire du réseau ferroviaire est dans la dernière ligne droite de ces travaux. Des quais ont été (re)faits, tandis que l’accès PMR e…
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